Happiness Palace (French Edition) by Blandine P. Martin

Happiness Palace (French Edition) by Blandine P. Martin

Auteur:Blandine P. Martin
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Blandine P. Martin
Publié: 2017-08-15T22:00:00+00:00


24. LA VIE SAUVAGE

Une légère douleur parcourait mon crâne à mon réveil. Je mis

plusieurs secondes avant de parvenir à ouvrir mes paupières trop

lourdes. La douceur de mon oreiller me surprit. Tout me revint alors.

Les pleurs versés cette nuit, ce cauchemar atroce et si réel… mes joues desséchées me rappelaient tout cela. Mon visage reposait sur le torse dénudé de Zach. Ses bras m’enlaçaient toujours, et ses jambes n’avaient

pas non plus libéré la mienne. Étonnement, je ne m’en sentis pas gênée

pour autant. Au contraire. Voilà bien des années que je n’avais pas connu pareille sensation de bien-être. Je découvris bien après coup que

j’étais en train de sourire, comme une idiote, mais ne corrigeai rien.

Zach grogna et se mouva légèrement sous mon poids. Je ne bougeai pas

d’un iota, ne sachant s’il était préférable que je m’éloigne ou non dans un cas comme celui-ci. Et, quelles que soient les règles habituellement observées par des personnes lambda en de telles situations, il s’avérait qu’aucune mesure de bienséance ne trouvât sa place dans les relations que j’entretenais avec mes nouveaux amis. Nous bafouions les codes

sans la moindre crainte, nous fichant pas mal des cases dans lesquelles

nous ne rentrions pas selon les « normes » acceptables de la société.

Tout ceci était d’autant plus vrai quand il s’agissait de l’amitié qui me liait à Zach.

Je vis ses longs cils bruns battre à plusieurs reprises, puis

finalement, dans un second grognement, ses prunelles grises. Son torse

se souleva avec insistance tandis qu’il s’étirait comme un chat, bras écartés, puis il reprit sa position initiale. Toujours immobile, je

l’observai, curieuse des premiers mots qui quitteraient sa bouche après notre nuit partagée.

— Salut, glissa-t-il en me jetant un regard en coin.

— Salut, murmurai-je.

— Est-ce que tu te sens… mieux ?

— Oui, lui assurai-je en remuant la tête sur son torse.

Sa main ne caressait plus mes cheveux, mais son bras entourait tout

de même mes frêles épaules.

— Je suis désolée pour cette nuit.

Puisqu’il faudrait de toute façon se jeter à l’eau, autant le faire tout de suite. Ainsi, nous pourrions rapidement passer à autre chose pour cette deuxième journée.

Je sentis Zach se tendre et il se hissa sur ses coudes pour mieux affronter mon visage. J’en fis de même, tournée sur le côté, lui faisant face de manière plus confortable.

— Tu n’as pas à t’excuser Amy. J’espère seulement qu’avec le temps,

tes cauchemars disparaîtront…

— Moi aussi, grimaçai-je.

Je vis sa mâchoire carrée se contracter de façon anormale à plusieurs

reprises. Quelque chose le tracassait. Je fronçai mes sourcils, perplexe.

— Je sais que ça ne sert à rien, et que ce que je vais dire n’aidera pas.

Ce qui est fait est fait. Mais je te jure que j’aimerais lui faire subir les mêmes choses qu’il t’a infligées, à ce connard !

Sa voix fut bien plus rauque que d’ordinaire, et je compris que la haine parlait pour lui. Je déglutis face à tant de colère, mais une part de

moi le remerciait de prendre ainsi ma défense. Mon cœur s’emballa un peu en resongeant à tout ce fichu passé. Quand cesserait-il enfin de me

hanter ? Je soupirai, puis me rapprochait du beau brun, jusqu’à ce que mes lèvres frôlent sa légère barbe. J’y déposai un rapide baiser pour lui

faire part de ma gratitude vis-à-vis de ce qu’il faisait une fois encore pour moi. Il tressaillit, cette fois-ci, je n’imaginai rien ; j’avais pu le sentir, juste contre moi. Puis il se tourna lui aussi sur le flanc, et caressa ma

pommette, son regard gris plongé dans le mien. Quelque chose dedans happait toute mon attention, à moins que ce ne soit à cause de cette foutue chaleur soudaine. Je sais d’où elle provenait, du rose qui me montait aux joues, car cette fois-ci, notre étrange promiscuité me

perturbait un peu plus que d’ordinaire, sans que je ne puisse l’expliquer.

Zach se mordit la lèvre, me détaillant un instant, puis il souffla par le nez avant de m’embrasser sur le front.

— Je vais aller faire du café.

Il se leva si brusquement que le froid sembla s’engouffrer à l’endroit

où il se tenait quelques secondes plus tôt, comblant le vide qu’il laissait.

Le bruit du zip de la tente résonna, me rappelant à mon cauchemar.

J’observai mon ami quitter les lieux et remarquai par la même occasion

qu’il ne portait qu’un caleçon. De nouveau, une certaine forme de gêne

m’envahit. J’avais donc passé la nuit dans ses bras, quasiment aussi peu

vêtue que lui. Certes, notre relation ne connaissait pas d’ambiguïté. Mais

là, mon cerveau commençait tout de même à semer le doute quant à

mon attitude. Je déglutis et enfilai un jean avant de regagner à mon tour

l’extérieur. Inutile de tergiverser avant un grand bol de café. Autant essayer de démarrer un véhicule vidé de son essence. Vain. Je grimaçai

en découvrant les dosettes solubles. À défaut de mieux, ce serait

toujours ça. Bienvenue dans la vie sauvage !



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